Un train qui fait 'Tchou Tchouuuu'

Je viens de découvrir avec plaisir que les trains aux US font encore ce bruit emblématique des anciennes locomotives à vapeur. Vous savez, semblable à celui qu'écoutaient les vieux brigans de Western avant de lancer une attaque. Où encore ce son qui annonce l'arrivée du train à la pauvre victime ligottee sur les rails dans un désert arride et hostile ...

Eh oui, au moment où j'écris ces lignes, je suis dans un de ces trains qui font tchou tchou pour me rendre en la baguetelle de 10 heures à Montréal. Non, ce train ne fonctionne plus à la vapeur, ni au charbon, mais à l'électricité. Les américains doivent être nostalgiques de leur conquête de l'Ouest pour ne pas avoir modifié l'avertisseur sonore. En Europe, à part dans les petits trains touristiques, on n'entend plus ce doux signal depuis belle lurette.

Sous mes yeux se déploie une splendide maison victorienne en bois à deux étages, avec une ballustrades à colonades sur deux étages. Cette maison semblerait abandonnée, s'il n'y avait un homme contre le porche. Il fait très chaud mais le train est climatisé ! Heureusement. La campagne est splendide.

Nous sommes arrêtés à un passage à niveau. Un panneau m'indique qu'on est à 4 miles de Fort Ann, dans l'état de New-York. Contrairement aux trains de banlieue de Manhattan, aux banquettes dures couleur brun-orange des années 60, ce train grande ligne est confortable, si ce n'est les cahots incessants qui me secouent depuis quelques heures.

Ce pays est un pays de contrastes. En arrivant ici, on s'imagine arriver dans le pays le mieux développé du monde. Or, on se rend rapidement compte que ce n'est pas le cas pour les infrasctructures ferrovières et routières ...
Les routes sont dignes des pires heures de Beyrouth et je me rends compte que les rails sont tout aussi bien entretenus ! La taille du territoire doit rendre toutes ces opérations de maintenance bien plus onéreuses et difficiles qu'ailleurs. Dumoins c'est l'explication qui me vient à l'esprit.

Hormis les quelques cahots, le paysage est splendide. Le trajet commence à NYC, Pennsylvania Station. On passe quelques minutes sous un tunnel pour surgir au ras de l'eau, au bord de l'Hudson River. Cette rivière, que nous ne quitterons pas pendant bien 2 heures, se fraie un passage somptueux dans les Appalaches, ces vieilles montagnes de la côte Est. Au loin, on apperçoit les Catskills, ces montagnes huppées où se rendent les riches familles New-Yorkaises
pour fuire Manhattan en hiver.

On distingue également entre les branchages l'académie militaire de West Point, académie historique ayant formé les plus grands généraux américains. Ce point stratégique n'a jamais été envahi par les Britaniques lors de la révolution car les américains avaient barré le passage du fleuve à l'aide de deux gigantesques chaînes métalliques.

Tiens, on croise un marais avec une héron en chasse .. Et la il y a une hutte de castor ... On se croirait en plein documentaire animalier !

A ma grande surprise, des gardes du parc national de la vallée de l'Hudson River ont proposé une visite commentée des principaux points traversés lors de la remontée de la rivière
en train. C'est divertissant et très agréable.

J'y ai notamment appris que toute l'eau de Manhattan était acheminée par deux Aqueducs, le premier provenant des Catskills, et le second de la Delaware River. Il y a plusieurs charmants petit phares sur le parcours. L'un d'entre eux aurait même été reconvertis en Bed & Breakfast. Il faut qu'on aille y faire un tour !

Ca y'est, la moitié de mon trajet est passée et les cahots sont moins importants. Je vais pouvoir
me remettre à la préparation de mon exposé. C'est difficile de faire du power point quand ça secoue de partout !

Maintenant nous sommes à 2heures d'arriver à Montréal, à 1 heure de la douane. On passe le long d'un lac qui se nomme 'White Champlain'. It is simply beautiful. Ce n'est pas un des grands lacs, mais on distingue à peine l'autre rive....

En tout cas, je conseillerai cette ballade ferroviaire à des personnes qui aiment découvrir de beaux paysages et qui ont le temps de rêvasser dans un train. Pour les gens pressés, prenez l'avion !